
Mon année en orthopédagogie
Travail d’analyse réflexive sur les déficiences sensorielles
M. André Gonda nous a présenté toutes les déficiences visuelles et auditives. Me concernant, ce fût un rappel car durant mes études d’infirmière, j’avais déjà étudié cliniquement ces déficiences.
Ce qui me parait important de retenir est que l’orthopédagogue doit s’informer d’abord de l’acuité visuelle de la personne, si celle-ci lui permet une capacité de discernement et quel est son champ de vision résiduel (est-on en présence d’ une vision plutôt centrale ou périphérique, ou floue ou avec tâches). L’orthopédagogue doit également évaluer les moyens dont le sujet dispose pour compenser ce handicap. Il pourra pourra être amené à proposer des activités pour développer un autre sens comme le toucher par exemple, pour préparer au braille.
Nous avons réalisé plusieurs expériences pour se mettre « dans la peau » d’une personne déficiente visuelle (avec des lunettes, canne, déplacement guidé dans le noir etc.). Mais à mon sens, le plus instructif fut que M. Gonda est lui-même déficient visuel. En l’observant, nous avons pu constater comment il a compensé son handicap grâce au braille. Nous avons observé ses déplacements mais surtout partagé son vécu (personnel, familial, scolaire et professionnel…).
Ce qui m’a paru également très intéressant, ce sont tous les conseils pour accueillir un enfant déficient visuel dans une classe ordinaire. Cet accueil doit se faire en deux temps : avant la rentrée pour qu’il découvre l’environnement et après pour l’aider à s’intégrer à la classe en expliquant sa déficience et mettre en place les aménagements raisonnables pour pallier son handicap.
En ce qui concerne la surdité, l’orthopédagogue devra se renseigner sur le niveau de surdité de la personne qu’elle accompagne allant d’une légère déficience à une surdité profonde.
En ce qui concerne la déficience auditive ce qui en ressort est surtout les difficultés de communication or l’être humain est un être de communication par définition. On peut largement imaginer les conséquences sur le personnes malentendantes et les difficultés que ces personnes peuvent rencontrer. J’ai également pris conscience que la langue des signes représente une «culture » comme pourrait l’être le Corse ou le Breton en France.
Extrait du journal de la culture par Zoé Sfez
« La surdité est bien plus qu’un diagnostic médical, c’est aussi un phénomène culturel, incarné par une langue visuelle et gestuelle, la Langue des Signes Française. Les sourds qui signent constituent une minorité linguistique. La surdité est donc un handicap à la fois individuel et collectif.
A ce jour, aucun organisme public ne peut dire combien de Français sont sourds (3 voire 4 millions est le chiffre avancé, mais il inclut toutes les personnes gênées auditivement y compris les personnes âgées), ni dire combien pratiquent la LSF (on parle de 100 à 200.000 personnes…). Pourtant, la surdité est le handicap le plus fréquent à la naissance (1 enfant sur 1000). En tous cas, les sourds restent étonnamment absents de la sphère publique. Si la surdité est un handicap invisible, les sourds comme minorité linguistique et culturelle le demeurent également. Bien que réhabilitée en 1991 par la loi Fabius, la LSF (Langue des Signes Française) peine à trouver une place sociale réelle : pas de traduction en LSF systématique à la télévision, pas de cours de LSF au lycée, peu d’œuvres artistiques interprétées au cinéma ou au théâtre par des sourds…Comment un enfant sourd peut-il se développer sans voir dans la société des sourds adultes auxquels s’identifier pour grandir ? »
Ce cours m’a amené a faire des recherches sur l’intelligence artificielle, qui grâce aux progrès de nouveaux outils technologiques permettent aux personnes malvoyantes et malentendantes de mieux percevoir leur environnement et de communiquer plus facilement. Il y a par exemple l’enceinte de Google Home.
Les assistants vocaux sont en phase de devenir un outil essentiel pour les malvoyants qui peut consulter sa météo, son agenda, prendre un rdv ou encore acheter un billet de train. Le four micro-onde, la télévision peuvent être équipés d’assistant vocaux. La voix devient une nouvelle interface pour accéder aux outils de tous les jours et à internet.
Une entreprise israélienne a lancé « MyEye » ce sont des lunettes dotées d’une petite caméra et d’un petit haut parleur qui permette de lire un texte, de reconnaître des billets de banque ou des personnes et de les annoncer à haute voix.
L’application RogerVoice une application destinée aux personnes sourdes et malentendantes quant à elle permet de retranscrire à l’écrit un dialogue par téléphone et de répondre en tapant sur un clavier (une synthèse vocale s’occupe ensuite de lire le texte à haute voix. Il est également possible de faire appel à un interprète de la langue des signes via la vidéo.
L’application AVA permet quant à elle de retranscrire des discussions entre plusieurs personnes sur un écran de smartphone. Toutes ses avancées me paraissent exceptionnelles.
Ce que je souhaite mettre en avant dans cette analyse réflexive est que j’ai été profondément marqué par le film Lou. En tant que parent d’enfant différent, j’ai pu prendre conscience et verbaliser que quelque soit la différence que présente un enfant et peut importe la gravité du trouble ou de la déficience les parents passent tous par les mêmes phases d’acceptation de la différence de leur enfant. Et ceci plus ou moins douloureusement en fonction, je pense, des ressources que les parents ont déjà personnellement mais aussi autour de la famille (soutien des proches, amis, professionnels de santé et paramédicaux, enseignants…). J’ai pu ressentir et comprendre ce que pouvait vivre les parents de Lou car nous l’avons nous même vécu. Je pense que les associations de parents jouent un rôle majeur dans cette acceptation du handicap et constituent une grande aide pour « faire avancer » les parents et leur(s) enfant(s), mais aussi la société pour une meilleure inclusion des enfants dans celle-ci. Il faut être alors en tant que future orthopédagogue très vigilant lorsque l’on s’adresse à des parents car des mots que l’on pensait aidant peuvent en fait être blessant.
Il faut savoir orienter les parents vers des associations d’annonce du handicap tel que l’association fondée par le papa de Lou. Je pense que si nous avions eu ce type d’association proche de chez nous, nous y serions allé pour chercher un réconfort, un soutien, une aide, des conseils. J’espère qu’à mon retour en France, en tant qu’orthopédagogue, j’aurai l’occasion de créer ce type de structure pour faciliter les rencontres avec d’autres parents.
Cette analyse réflexive m’a aussi permis d’appréhender tous ces handicaps que l’on appelle invisibles qui représentent pourtant 80% des handicaps. Il est malheureusement encore trop souvent difficile d’avoir de la compassion de la part de l’entourage. Ce manque de compréhension de la part de la famille, de l’école ou du milieu professionnel est dû à un défaut d’information sur le handicap lui-même, mais aussi ses aménagements qui peuvent parfois paraître comme des privilèges injustes. Je pense que c’est aussi le rôle de l’orthopédagogue de diffuser un maximum d’information sur ces handicaps et ceci dès le plus jeune âge pour une société plus inclusive.
Ressources et sources d’informations
Cours : MBO Gonda, A (2019-2020).Déficience motrice. Documents non publiés. HE2B, Bruxelles.
https://www.plateformeannoncehandicap.be/
http://www.ffsb.be/universite-de-mons-les-cedres-asbl/ accompagnement pédagogique personnalisé et adaptés à la nature du handicap aux étudiants de l’enseignement universitaire et supérieur
