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Mon année en orthopédagogie

Sociologie du handicap et des personnes à besoins spécifiques:

Contexte sociétal et familial 

 

Etude de cas. Réemploi des principaux concepts vus en classe autour de l’article Le handicap comme situation de seuil : éléments pour une sociologie de la liminalité, Marcel Calvez, 1994, Ed. Persée.

 

Contexte général

 

Aujourd’hui, en France beaucoup de parents d’enfant dyslexique font une demande de reconnaissance de handicap auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). S’en suit une attribution d’un taux d’incapacité et d’une allocation si celui-ci atteint ou dépasse les 50%. 

Circulaire DESCO et DGAS-3C 2004-157 du 29 mars 2004 relative à l'application, pour les personnes atteintes de troubles des apprentissages du langage oral ou écrit, du guide barème pour l'évaluation des déficiences et incapacités des personnes handicapées, chapitre IV, section II. Date d'application : immédiate.

 

L’école peut mettre en place un Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP) sans que les parents ne déposent de demande de reconnaissance de handicap auprès de la MDPH pour les élèves présentants des troubles des apprentissages constatés sur une longue période. Il est donc interne à l’école. 

En revanche, dès lors qu’un élève et sa famille veut faire appel à une demande d’accompagnement humain ou à un secrétaire pour les examens, ou à une attribution de matériel pédagogique adapté (ordinateur en classe) ou à une dispense d’un ou de plusieurs enseignements (anglais pour les dyslexiques par exemple) alors une demande de Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) doit être faite par les parents auprès de la MDPH.

 

Cas particulier 

 

Dans cette situation, j’ai choisi de parler du cas de mon fils M., âgé de 11 ans, scolarisé en 5ème primaire dans une école communale ordinaire. 

 

Il présente une dyslexie mixte et une dysorthographie sévère associée à un trouble de l’attention sans hyperactivité. Nous sommes français et lors de sa scolarité  en CE2 (4ème primaire) une demande auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) a été déposée pour qu’il puisse obtenir en classe une aide humaine partagée dite Accompagnant des Elèves en Situation de Handicap  (AESH). En France, c’est une aide humaine qui participe à l’inclusion scolaire en s’occupant de l’accompagnement, de la socialisation, de la sécurité et de l’aide à la scolarisation d’enfants en situation de handicap ou présentant un trouble de santé invalidant, dans des classes spécialisées ou dans des classes ordinaires.

 

Nous habitons aujourd’hui en Belgique depuis août 2018. Cela fait maintenant plus d’une année qu’il est scolarisé dans une école communale ordinaire où il a redoublé son année de 4ème primaire (sur notre demande lors de son inscription). 

 

A ce jour, rien n’a été mis en place pour des aménagements raisonnables pour notre garçon. Nous sommes dans la non reconnaissance de sa différence. Dans ce premier cas de figure, nous sommes déjà dans la liminalité du handicap et dans la théorie du seuil de Marcel Calvez. La liminalité est définissable comme le fait d’enfermer la personne dans son handicap. Ici, il n’y a pas d’adaptation, d’aménagement de la part de l’enseignant pour son élève. Le directeur de l’établissement est pourtant au courant du diagnostic de notre fils et nous rencontrons régulièrement son enseignante (en moyenne tous les 3 mois). Aucun document officiel n’a été rédigé en 18 mois pour notre fils, et son enseignante nous dit qu’elle n’est pas du tout inquiète pour notre garçon malgré sa dysorthographie sévère.

Pourtant, savoir bien lire et écrire représente encore aujourd’hui dans notre société le signe d’une vivacité intellectuelle, d’une bonne éducation, d’un bon niveau.

Nous savons qu’à moyen terme, il devra utiliser un ordinateur pour réduire la charge cognitive de la lecture et améliorer ses travaux écrits (correction de l’orthographe). Grâce à l’outil informatique, il devrait plus facilement  se concentrer sur le fond que sur la forme. Les déguisements de compétence qu’il a pu avoir en France avec l’attribution d’une aide humaine (AESH) et plus tard qu’il aura par l’utilisation de l’ordinateur représentent des stigmates pour lui qui doit faire face à la moquerie et à la jalousie des autres enfants. 

A titre d’exemple, notre garçon s’est fait traité de « débile » par un garçon de sa classe pendant près d’une année. Aujourd’hui, il ne souhaite pas que nous expliquions aux autres enfants ce qu’est la dyslexie et la dysorthographie. Il vit encore cela comme une honte car la personne qui est stigmatisée essaie d’être le plus conforme possible à la normalité mais en développant des stratégies, il va en fait parallèlement s’enfoncer dans la stigmatisation. En effet, « La spécificité de l'interaction procède de la réponse que l’individu stigmatisé apporte à ces attentes normatives. «Ce qu'il y a de particulier dans la situation de l'individu stigmatisé, c'est que la société lui dit qu'il fait partie du groupe le plus large, ce qui signifie qu'il est un être humain normal, mais qu'en même temps, il est dans une certaine mesure «différent», et qu'il serait vain de nier cette différence (Goffman, 1975) 1 ».

 

Un article de la Fédération Française des Dys (FFDYS) révèle même que les enfants « dys » sont davantage victimes de harcèlement scolaire.

Handicap.fr • 8 octobre 2019 • Par Cassandre Rogeret

Sources :  DUBOISSE, F (2019-2020).Sociologie du Handicap et des personnes à besoins spécifiques. Documents non publiés. HE2B, Bruxelles.

1 Cité dans Le handicap comme situation de seuil : éléments pour une sociologie de la liminalité, Marcel Calvez.

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