
Mon année en orthopédagogie
Trouble De l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA/H)
Pour ce travail, j’ai choisi la deuxième édition (2017) du livre du psychiatre Annick Vincent, Mon cerveau a encore besoin de lunettes - Le TDAH chez les adolescents et les adultes - Guide pratique pour mieux vivre avec le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.
Ce livre est un incontournable pour comprendre le Trouble de l’Attention avec Hyperactivité.
Le TDAH n’est pas une maladie mais un trouble neurobiologique souvent transmis génétiquement caractérisé par plusieurs symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité/impulsivité et/ou d’hyperréactivité émotionnelle. On ne guérit pas d’un TDAH mais on agit sur l’intensité des symptômes et leurs conséquences. Plus de la moitié des enfants diagnostiqués conservent ces symptômes à l’âge adulte.
L’auteure donne également des conseils pour prendre soin de son cerveau pour favoriser un fonctionnement optimal (saines habitudes de vie, sommeil, alimentation, sport…).
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La métaphore des lunettes employée par l’auteure se décompose en deux déclinaisons:
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- des « lunettes psychologiques » qui permettent au cerveau de mieux se focaliser sur une activité par des stratégies compensatoires pratiques (trucs et astuces) sur le plan de l’attention, de la gestion du corps, des comportements et des émotions ;
- des « lunettes biologiques » pour expliquer le traitement pharmaceutique.
C’est sur ces dernières que j’ai choisies de m’attarder car le traitement médicamenteux représente encore aujourd’hui une décision compliquée pour les parents concernés. La médication des enfants TDAH est un sujet passionnel qui suscite beaucoup de réactions entre les médecins eux-mêmes, particulièrement dans un contexte français où l’approche psychanalytique concurrence encore l’approche cognitivo-comportementaliste. La controverse au sein de la communauté médicale et paramédicale s’explique aussi par le fait que certains professionnels présentent ce traitement comme la résultante du lobby pharmaceutique, relayée par des médecins.
Il n’est donc pas surprenant qu’une fois la décision prise, on constate que de nombreux parents sont mal à l’aise avec les molécules utilisées. On remarque alors un emploi désordonné car non assumé (arrêt du traitement le week-end et lors des courtes vacances bien que les enfants aient souvent des devoirs les jours de repos).
Psychologiquement, il en résulte beaucoup de stress, d’angoisse pour les parents. Ils craignent d’avoir fait le mauvais choix pour aider leur(s) enfant(s) et de le regretter par la suite. Par exemple, en s’imputant un retard de croissance de l’enfant ou un risque plus élevé d’addiction à l’âge adulte (dans certains forums, j’ai pu lire que ce traitement était « de la cocaïne pour enfant »!). On imagine immédiatement l’impact psychologique de tels jugements.
Dans sa démarche thérapeutique, l’auteure rappelle que comprendre le trouble de son enfant est une étape préalable et nécessaire à la bonne prise en charge du trouble TDAH. La médication est une stratégie supplémentaire pour mieux vivre avec le TDAH. Elle ne doit être envisagée que lorsque les stratégies compensatoires ne sont pas suffisamment efficaces, ou qu’elles nécessitent une surcharge cognitive qui peut engendrer une fatigue importante et une anxiété de performance « vouloir bien faire à tout prix ». Le médicament permet à la personne de mieux se concentrer car il agit sur certaines zones du cerveau en le rendant plus « FOCUS » ceci en améliorant la transmission de la dopamine ou de la noradrénaline. Il permet aussi d’améliorer les capacités du sujet à se recentrer plus efficacement en étant moins sensibles aux stimuli extérieurs et aux foisonnement d’idées. La médication renforce donc les stratégies adaptatives. On remarque par exemple une amélioration dans la gestion du besoin de bouger et l’impulsivité. Un cercle vertueux par de meilleurs résultats répondant aux efforts fournis engendre ainsi une meilleure estime de soi.
Le traitement médicamenteux s’inscrit donc dans une approche multimodale.
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Il existe deux classes pharmaceutiques : les psychostimulants et les non psychostimulants. Ils sont tous les deux soit à libération immédiate (3-4 h) soit à libération prolongée (10-12 h).
Les non psychostimulants ne sont pas choisis en première intention car ils sont à prendre quotidiennement pour pouvoir obtenir l’effet recherché qui ne se fait sentir qu’au bout d’une à deux semaines voire plus.
Les psychostimulants, eux, offrent un début et une fin d’action immédiat avec une durée spécifique et déterminée par le mode de libération. Sa prise peut ainsi être restreinte au temps scolaire ou limitée à une période souhaitée. Le prescripteur doit tenir compte du fait que ces médicaments accentuent les symptômes anxieux ou révèlent une maladie bipolaire sous-jacente. Il proposera alors un antidépresseur ou des stabilisateurs de l’humeur avec ou sans traitement du TDAH. Les recommandations de l’auteure sont de toujours procéder par pallier en commençant par un faible dosage, d’évaluer l’apparition d’éventuels effets secondaires et d’évaluer les effets cliniques recherchés. Il faut noter qu’il n’y a pas de relation poids-patients pour une dose thérapeutique optimale. Chaque traitement répond aux besoins spécifiques de la personne et la prise correspond au moment où l’on souhaite réduire les symptômes du TDAH.
Les effets secondaires les plus souvent constatés sont la perte d’appétit (un léger retard de croissance), des palpitations, des céphalées disparaissant au bout de quelques jours… Des troubles du sommeil sont généralement présents bien avant la prise d’un traitement.
Le rôle de l’orthopédagogue est d’orienter en cas de suspicion les parents ou la personne vers un médecin qui pourra poser un diagnostic de TDA(H).
Ce diagnostic est posé par un médecin psychiatre, neurologue, pédiatre à partir d’une observation clinique, de questionnaires permettant d’identifier les symptômes déjà présents durant l’enfance; l’évaluation des stratégies compensatoires s’il s’agit d’un adolescent ou d’un adulte. Des bilans neurobiologiques peuvent être prescrits afin d’évaluer certaines fonctions exécutives. Mais un test neuropsychologique ne peut constituer à lui seul le diagnostic, celui-ci repose avant tout sur l’avis médical.
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Le rôle de l’orthopédagogue est d’évaluer les besoins de l’individu à un moment donné pour lui permettre d’élaborer des stratégies de compensation afin de réduire les effets négatifs du trouble.
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Il/Elle pourra proposer en amont un temps d’observation (grilles d’observation) dans différents contextes à l’école, en famille, sport.
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Il/Elle pourra également proposé un accompagnement pendant la mise en place du traitement pour évaluer l’apparition d’éventuels effets secondaires, et conseiller les parents ou le patient dans la gestion des effets secondaires (perte d’appétit, trouble du sommeil…)
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L’orthopédagogue pourra également apporter son expérience aux parents sur la prise du médicament et déterminer avec eux quels sont les moments les plus judicieux.
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Il/Elle pourra proposer un carnet de suivi qui permettrait de faire le lien avec le médecin et où les principaux effets secondaires seraient répertoriés avec les conseils appropriés :
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- troubles du sommeil : tamiser la lumière, éviter les écrans une heure avant d’aller se coucher, créer une ambiance calme, suggérer la prise de mélatonine… ;
- croissance: renseigner une courbe de croissance où l’on retrouverait le poids et la taille de l’enfant, ainsi que des conseils diététiques comme les compléments alimentaires type omega 3-6, l’hydratation, le fractionnement et la composition des repas ;
- Changement d’humeur ou sensation de fatigue intense en fin de journée ;
- un espace libre qui permettrait de noter les questions de la famille et de l’enfant avant la consultation de suivi médical, ou l’apparition d’autres symptômes tels le stress, l’anxiété ou toute sensation étrange.
Ce livret permettrait alors de réévaluer plus aisément le traitement.
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L’orthopédagogue pourra également accompagner l’élève dans sa scolarité par la mise en place d’aménagements spécifiques (outil informatique avec un logiciel adapté pour diminuer les erreurs d’inattention, motiver régulièrement l’enfant dans la tâche, le placer devant …)
Sources
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Vincent, A.,(2017).Mon cerveau a encore besoin de lunettes : Le TDAH chez les adolescents et les adultes. Montréal Quebec : Les Editions de l’Homme.
Vidéo en ligne : Drôles de Dames(2018).Mon p'tit gars. En ligne : https://www.youtube.com/watch?v=zPkqd6qg0YI
Vidéo en ligne : journée Nationale des DYS (2016). Les Dys au coeur de toutes les attentions. En ligne : https://www.youtube.com/watch?v=C0zDqOHqdk8
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Pour aller plus loin
Les recommandations des experts canadiens de la CADDRA pour l’évaluation et le traitement du TDAH
Attentiondeficit-info.com